L'isolation thermique est primordiale pour la performance énergétique d'un bâtiment. La conductivité thermique, exprimant la capacité d'un matériau à transmettre la chaleur, est un paramètre crucial pour le choix des isolants.

La laine de bois, matériau écologique et renouvelable, offre d'excellents avantages en termes d'isolation et de confort thermique. Cependant, sa conductivité thermique n'est pas fixe et varie en fonction de plusieurs paramètres. Comprendre ces variations est essentiel pour choisir le matériau adapté à chaque application et optimiser la performance énergétique des bâtiments.

Facteurs influençant la conductivité thermique de la laine de bois

La conductivité thermique (λ) de la laine de bois, exprimée en W/(m·K), est une propriété physique influencée par plusieurs facteurs interagissant de manière complexe. Une évaluation précise nécessite une considération minutieuse de chacun d'entre eux.

Densité

La densité de la laine de bois, exprimée en kg/m³, est un facteur déterminant. Une densité plus élevée implique une plus grande compacité du matériau, réduisant la porosité et les espaces d'air. Ceci diminue la capacité d'isolation et augmente la conductivité thermique. Par exemple, une laine de bois de densité 100 kg/m³ aura une conductivité thermique significativement plus élevée qu'une laine de 40 kg/m³. Des études montrent une relation généralement linéaire entre la densité et la conductivité, dans une certaine plage de densité. Pour une laine de bois de pin, on observe une augmentation de la conductivité thermique d'environ 0.002 W/(m·K) pour chaque augmentation de 10 kg/m³ de densité.

Humidité

Le taux d'humidité contenu dans la laine de bois a un impact majeur sur sa conductivité thermique. L'eau étant un bien meilleur conducteur de chaleur que l'air, la présence d'humidité augmente considérablement la capacité de transmission de chaleur. Une laine de bois humide affichera une conductivité thermique nettement supérieure à celle d'un échantillon sec. Une augmentation de 1% d'humidité peut se traduire par une augmentation de la conductivité thermique de 0.003 à 0.005 W/(m·K) selon la densité. Un contrôle rigoureux de l'humidité de l'échantillon est donc essentiel pour des mesures fiables. Les fabricants spécifient souvent la conductivité à un taux d'humidité de référence (par exemple, 10%).

Température

La température d'essai influe également sur la conductivité thermique, bien que l'effet soit moins prononcé que celui de l'humidité ou de la densité. Les valeurs de conductivité thermique sont généralement données pour une température de référence (20°C). Une variation de température entraîne une modification de la conductivité, généralement faible dans la plage de températures rencontrées dans les applications de construction. Une augmentation de 10°C peut entraîner une variation de la conductivité thermique de l'ordre de 0.5% à 1% pour la laine de bois.

Type de bois et procédé de fabrication

L'essence de bois utilisée (pin, sapin, mélèze…) influence légèrement la structure cellulaire et par conséquent la conductivité thermique. Les bois résineux, généralement plus denses, peuvent avoir une conductivité légèrement supérieure aux feuillus. Cependant, cet effet reste mineur comparé à celui de la densité et de l'humidité. Le procédé de fabrication, incluant le type de liant utilisé (ciment, chaux, liant naturel…) et les traitements éventuels (traitement hydrofuge par exemple), modifie la structure poreuse et impacte la conductivité. Un liant à base de ciment, par exemple, peut augmenter la conductivité de 2 à 5% par rapport à un liant naturel.

  • Densité typique: 40 à 120 kg/m³
  • Humidité de référence (fabricants): 8 à 12%
  • Température de référence: 20°C
  • Types de liants courants: Ciment, chaux, liant naturel à base d'amidon

Méthodes de détermination de la conductivité thermique

La détermination de la conductivité thermique de la laine de bois peut se faire par des méthodes expérimentales ou par des méthodes de calcul basées sur des corrélations empiriques ou la modélisation numérique. Le choix de la méthode dépend de la précision recherchée et des ressources disponibles.

Méthodes expérimentales

Méthode de la plaque chaude gardée

La méthode de la plaque chaude gardée est une méthode de référence pour la détermination de la conductivité thermique. Un échantillon de laine de bois est placé entre deux plaques métalliques. La plaque inférieure est chauffée à une température constante et la plaque supérieure est refroidie. La conductivité thermique est calculée à partir du flux de chaleur mesuré et de la différence de température entre les deux plaques. Cette méthode, bien que précise, nécessite un équipement spécifique et coûteux (plaque chaude gardée, capteur de flux thermique, système de régulation de température), et demande une expertise technique pour assurer la qualité des mesures. Des précautions strictes sont nécessaires pour garantir l'homogénéité de la température et l’absence de ponts thermiques.

Méthode du fluxmètre à plaque chaude

La méthode du fluxmètre offre une alternative plus accessible que la plaque chaude gardée. Un fluxmètre est intégré à l'une des plaques, permettant une mesure directe du flux de chaleur traversant l'échantillon. Couplée à la mesure de la différence de température, cette méthode permet de déterminer la conductivité thermique. Elle est plus simple à mettre en œuvre mais sa précision dépend de la qualité du fluxmètre. L'incertitude de mesure est généralement plus élevée qu'avec la méthode de la plaque chaude gardée.

Méthodes accélérées

Des méthodes accélérées, basées sur des mesures de la résistance thermique, existent, mais leur précision est généralement inférieure aux méthodes de la plaque chaude gardée ou du fluxmètre. Elles peuvent être utiles pour des estimations rapides mais ne conviennent pas à des mesures de haute précision.

Méthodes de calcul et modélisation numérique

Utilisation de corrélations empiriques

Des corrélations empiriques, établies à partir de données expérimentales, permettent d'estimer la conductivité thermique en fonction de la densité, de l'humidité et de la température. Ces formules simplifiées sont pratiques pour des estimations rapides, mais leur précision est limitée et dépend de la validité du modèle empirique utilisé. Elles sont généralement moins précises pour des conditions hors de la plage de données utilisées pour établir la corrélation.

Modélisation numérique (éléments finis - FEM)

La modélisation numérique par éléments finis (FEM) offre une approche plus sophistiquée. Elle permet de simuler le transfert de chaleur au sein de la laine de bois en tenant compte de sa microstructure et des différents paramètres influençant la conductivité. Cette méthode, nécessitant des logiciels spécifiques et des compétences en modélisation, offre une grande précision mais est plus complexe à mettre en œuvre.

Interprétation des résultats et incertitudes

L'interprétation des résultats de mesure de la conductivité thermique nécessite une analyse minutieuse des incertitudes expérimentales et une comparaison avec les valeurs de référence fournies par les fabricants ou les normes.

Analyse des données expérimentales

Les données expérimentales doivent être analysées statistiquement pour déterminer la valeur moyenne, l'écart type et l'intervalle de confiance de la conductivité thermique. L'incertitude de mesure doit être évaluée en tenant compte des erreurs systématiques et aléatoires liées à chaque étape du processus de mesure.

Sources d'erreurs et incertitudes

Plusieurs sources d'erreur peuvent affecter la précision des mesures: variations de densité et d'humidité au sein de l'échantillon, erreurs de mesure de la température et du flux de chaleur, incertitudes liées au calibrage des instruments de mesure, imperfections de contact thermique entre l'échantillon et les plaques, etc. Une analyse d'incertitude rigoureuse est indispensable pour évaluer la fiabilité des résultats.

Comparaison avec les valeurs de référence

Les résultats obtenus doivent être comparés aux valeurs de conductivité thermique indiquées par les fabricants de laine de bois ou par les normes en vigueur (par exemple, les normes européennes). Des écarts importants peuvent signaler des problèmes méthodologiques ou des différences significatives dans la composition ou la structure du matériau testé.

  • Valeur typique de λ (laine de bois de densité moyenne, 10% d'humidité): 0.040 à 0.050 W/(m·K)
  • Incertitude typique de mesure (méthode de la plaque chaude gardée): ± 0.003 W/(m·K)
  • Incertitude typique de mesure (méthode du fluxmètre): ± 0.005 W/(m·K)